Luminex est un chat que nous avons rencontrés l’été dernier lors d’une promenade nocturne. Tout plein de puces et de shampoing à l’odeur de javel, il se jetait sur nous comme si nous étions ses sauveurs. Nous l’avons pris avec nous car il était maigre comme un squelette. Il miaulait tout le temps en se jetant contre nos jambes, il était misérable.
Les voisins nous ont dit que ce chat appartenait surement à un vieux qui tuait ses chatons et qui ne voulait pas faire stériliser son chat car ils avaient eux-mêmes récupéré leur chat dans la même situation quelques temps plus tôt.
Lumi a fait flancher notre cœur et nous n’avons pas pu le laisser seul dans la nuit tout en sachant que nous n’avions pas le droit d’accueillir d’animal dans notre appartement de 25m carrés et que nous allions faire une nuit blanche.
Nous l’avons hébergé, nourri et lui avons donné de l’amour, mais il supportait peu l’espace clos de l’appartement. Il miaulait beaucoup et ne se calmait que lorsqu’on le touchait. Il était très dépendant, tel un bébé.
Nous l’avons finalement remis dehors au petit matin, et il en a semblé soulagé, mais il ne voulait pas se détacher de moi. Pas un seul mètre ne pouvait nous séparer.
Cette soirée a suffi à créer un lien. Lien que j’ai entretenu de plein gré, alors que Luminex n’était plus dépendant de moi.
Fier et heureux dans son territoire de chat avec ses amis chats, il vit dehors en bas de mon immeuble et fait sa vie.
Je le ramène de temps en temps à l’intérieur de l’appartement. Parfois cela se passe bien ; il est tout calme, nous jouons ensemble et faisons des câlins, il parait posé et serein. Parfois cela se passe mal ; il ne fait que miauler, ne se pose pas, cherche des issues, la fenêtre, la porte, on voit bien qu’il n’a aucune envie d’être là. Et le temps passe..
Je prends mes responsabilités, je l’amène chez le vétérinaire pour faire un bilan de santé, le vermifuger, lui donner un traitement pour la diarrhée. Je prévois de le stériliser. Je considère que c’est mon chat, en nourrissant l’espoir qu’on puisse le garder.
Quelle décision prendre pour le voyage ?
Vient le moment de la rude décision. Je suis très attachée à lui mais en même temps, je trouve qu’il serait très égoïste de vouloir l’emmener avec nous sur les routes dans un van de moins de 25m carrés. Luminex est un chat qui aime être dehors et maintenant, je sais au fond de moi qu’il se débrouille.
Entre les doutes, et l’espoir, j’espère que l’on puisse placer ce chat chez quelqu’un que nous connaissons le temps que nous voyageons pour le reprendre lorsque nous serons posés dans un territoire défini. Le compromis idéal ? Mais aucun de nos proches n’est prêt à accueillir un chat, ce que je peux concevoir.
Après mure réflexion, nous avons enfin pris une décision, qui je l’espère sera la bonne. Nous pensons que Lumi est maintenant dans un environnement qui lui convient, il est nourri, il côtoie d’autres chats, se balade en campagne. Nous décidons donc de faire le deuil de cette relation et de se détacher de lui, parce que quand on va partir, il ne pourra pas nous suivre.
La séparation est difficile mais il vaut mieux la faire tant qu’on est encore sur place. Lumi ne sera pas le premier et ni le dernier chat que nous aurons. Il faut déjà être fier de l’avoir remis d’aplomb, si ce n’est sauvé de la mort.
Je m’en veux beaucoup car j’ai l’impression de ne pas valoir mieux que ces personnes qui abandonnent leur chien sur les aires d’autoroutes. Mais est-ce un abandon que de le laisser faire sa vie de chat ?
La situation ressemble au quotidien d’un refuge. Tu secoures une antilope, tu la gardes pendant un moment avec toi, tu t’attaches. Sauf que tôt ou tard il faut bien évidemment la relâcher, c’est dur, mais tu as sauvé un animal et tu le relâches.
Une idée pour tous ces chats des rues ?
Pour faire au mieux nous avons décidés de s’inspirer de certains village comme à Saint Amand où des bénévoles s’occupent des chats errants en leur donnant à manger et à boire sous un abri à chat.
Nous avons décidé de concevoir nous-même une cabane pour les chats qui rodent aux alentours et qui de toute manière seront toujours dehors. Nous espérons que des âmes charitables voudront bien les ravitailler en eau et nourriture de temps en temps.
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