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Emma

Round terminus

Il est grand temps de faire un point projet ! Vous nous avez suivis, soutenus, aidés, alors je tenais à vous raconter, la chute.


Si vous n’avez pas remarqué, nous avons testé trois méthodes au court du projet.


Premier round, l’autostop, l’hébergement et le couvert en échange de travail et d’aide au foyer dans les points de notre itinéraire avec le risque de ne pas être accueillis si les personnes ne voulaient pas. Ensuite, nous avons fait la même chose mais avec des woofeurs, qui n’étaient pas spécialement dans notre itinéraire mais qui étaient obligatoirement ok pour nous accueillir si nous réservions avant notre arrivée. Enfin, nous avons décidés de faire la méthode expéditive des interviews.


Pour chaque méthode nous avons adapté car des choses ne nous convenaient pas. Tout cela est détaillé dans les articles précédents.


Aujourd’hui je vais me consacrer à la fin du projet. C’est une sorte d’exutoire pour moi car le deuil du projet m’est très difficile à faire.


Après être allés chercher la voiture de Geoffrey, nous avons décidés de participer à une formation payante sur inscription chez le couple connu pour leurs maisons autonomes : Patrick et Brigitte Baronnet en Bretagne. Nous avons donc directement traversé la France avec 10H de trajet. Nous avons participé à une journée sur les maisons autonomes en groupe, avec des tas de personnes qui avaient un projet de maison autonome ou de collectif. Cette formation nous a apportée plein de bonnes choses. J’ai pris autant de notes que possible. Geoffrey et moi étions comme des enfants, enchantés de voir que notre rêve est réalisable, même si très difficile à accéder. Bien entendu, nous étions dans les plus jeunes, et le conseil personnel de Patrick a été de ne pas perdre de vue notre objectif mais que nous avions pleins de choses à vivre encore avant ce but.


Nous sommes ressortis comblés et admiratifs. Un peu perdus dans le moment présent, nous avons une fois de plus délaissé l’organisation du projet. C’est ce qui a causé notre perte. C’est terrible à dire mais nous avons eu trop de temps libre sur lequel nous avons eu le loisir de remettre en doute notre projet, de divaguer.. Un manque de motivation nous a touché. Nous nous sommes retrouvés à perdre le sens du projet et à se dire que ce qu’on faisait c’était n’importe quoi.


Nous nous sommes rendus à Langouet, commune connue pour son maire militant écologiquement. Mais nous n’avions aucune idée de comment aborder une commune, plutôt impersonnelle. Nous aurions pu prendre rendez vous avec le maire pour lui poser des questions mais Geoffrey n’était pas d’accord. Nous nous sommes donc baladés dans les rues sans trop en voir grand-chose. Nous avons vu les habitations écologiques de loin et nous étions déçus. J’ai essayé de contacter les prochains points de notre itinéraire mais la plupart du temps soit les personnes ne répondaient pas soit ils organisaient des « visites » de leur jardin payantes. Cela nous a démotivé car s’il fallait payer à chaque point nous allions finir ruinés. Là-dessus, Geoffrey passait son temps à chercher son orientation pour l’après projet sur son portable. Je me suis sentie seule au milieu du bout du monde et j’ai baissé les bras. C’est moi qui ai pris la décision de rentrer. Pendant les trois round, j’avais été de déception en déception. C’est malheureux à dire mais j’ai manqué de volonté pour persévérer.


Je vous épargnerai les conditions matérielles qui étaient devenues n’importe quoi car nous dormions dans la voiture par flemme de planter la tente et par peur de laisser la voiture garée seule sans surveillance dans la nature. Dans ces circonstances c’était inenvisageable de réaliser quoi que ce soit de bien.


Résultat, cris, pleurs, nous sommes rentrés.


Nous sommes rentrés dévastés. Ça a été très difficile pour Geoffrey mais surtout pour moi. C’est moi qui avais insufflé l’idée du projet et c’était tout pour moi. C’était l’explication du pourquoi je ne me plaisais ni à l’école ni au travail, dans ma tête j’étais faite pour ce projet. C’était la raison pour laquelle rien ne collait avec moi. Dans ma tête j’étais le projet. Une partie de moi est morte avec la fin du projet. Ça a été très difficile de se relever et je ne suis toujours pas debout.


Geoffrey a enfin trouvé son orientation alors ça a été plus facile pour lui. Il se raccroche à sa rentrée et avance. Moi je le suis car je n’arrive pas à passer à autre chose. Nous avons mis corps et âme pendant 6 mois dans ce projet qui est parti en fumée en moins d’1 mois. J’ai perdu toute confiance en moi avec la mort du projet.


Aujourd’hui, je suis Geoffrey sur Avignon car c’est là qu’il fera sa rentrée et parce que si je me prends individuellement je n’ai rien trouvé pour me raccrocher.


Je me pose encore la question si une fois installée à nouveau avec un chez nous sur Avignon je ne pourrai pas repartir pour le projet en solo en ayant un pied à terre là-bas. Mais en suis-je capable ?


Pas pour repartir la tête baissée en étant idéaliste mais en analysant ce qui a marché ce qui n’a pas marché et faire quelque chose de beaucoup plus construit.


Geoffrey m’encourage à faire des visites d’écolieux comme nous l’avions prévu mais seulement sur nos weekend, ou de faire des chantiers participatifs, des formations spécifiques, nous essayons de trouver des compromis.



Quoi qu’il advienne, nous publierons chaque nouveauté de ce qui nous semble concerner les avancées possibles en direction du but, jusqu’à ce que nous publions sur ce blog notre maison avec notre terrain aboutis.


En pleine transition de vie, nous ne perdons pas de vue l’objectif final. Acquérir un terrain pour y construire notre paradis. Nos arbres, notre jardin en permaculture, nos animaux. Pour le moment nous rêvons. Nous avons 20ans et à ce qu’il parait plein de choses à vivre.




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